Le sacre de l'homme

Publié le par Gabe

Avec le film LE SACRE DE L’ HOMME, on nage en plein ethno-centrisme, focalisé sur le triomphalisme au profit de la seule civilisation occidentale, toutes les autres civilisations étant censées « préfigurer » le succès de la « notre », la seule vraie !

Lumières du XVIII éme siècle ! réveillez-nous ! Redonnez-nous votre sens critique, votre impertinence contre les dogmes et les pseudo évidences. Obsédé de scientisme, le paléontologue Yves Coppens est tombé aussi bas que Claude Allègre. Sa vision de l’histoire à travers ce film n’est qu’une vaste fresque mythologique visant à justifier la modernité et la mondialisation, au nom de la suprématie de l’ Europe et de ses excroissances coloniales aux Amériques et ailleurs.

L’ aujourd’hui d’ Homo Sapiens, c’ est autant la nomade du désert ou des glaces artiques que le chasseur-cueilleur de la forêt tropicale ou du Kalahari. L’ aujourd’hui de l’agriculture, c’est autant le jardinage nomade des Yanomami que l’agriculture de petits peuples sans Etats chez les Papous et leurs 8OO langues en Nouvelle-Guinée. Il n’y a pas d’avant et d’après sur une flèche du temps où nous aurions la prétention de nous situer au sommet. L’ âge de pierre c’est aussi aujourd’hui, pour nombre de sociétés qui ont su échapper aux invasions coloniales , c’est aussi aujourd’hui pour nombre de sociétés qui ont su échapper aux invasions coloniales, tels ces 47 peuples de la forêt brésilienne qui vivent encore en totale indépendance, sans contact avec les envahisseurs. Il n’ y a pas d’ « âge » de quoique ce soit. Tout coexiste au présent depuis des milliers d’années. La sédentarisation ou l’urbanisation ne sont que le passé d’une partie bien spéciale des humains, une déviance létale dont nous vivons les dernières décennies.

On commence en effet à comprendre comment une partie de l’humanité a quitté une belle façon de vivre, sans hiérarchies, sans divisions des tâches, sans structures étatiques oppressantes, pour se fourvoyer dans un mode de vie hérétique, de plus en plus écologiquement insoutenable (le contraire de « sustainable »), et comment cette spirale folle vers toujours plus de richesses matérielles pour quelque uns nous aspire dans une mégamachine démente, incontrôlable, fascinée par sa propre auto-accélération suicidaire. Cette hérésie ancrée dans le culte naïf du dieu « progrès » nous mène dans l’impasse absolue des limites écologiques de cette planète. Généraliser comme le fait ce film à partir de la seule dérive qui a mené à l’histoire des occidentaux, c’est commettre l’exagération par orgueil ethnocentrique. C’ est se « raconter des histoires » pour nous auto-intoxiquer, continuer à se faire croire que nous serions les meilleurs.

Nous n’avons pas à être fiers d’une étrange civilisation qui oublie la sagesse plurimillénaire de toutes les autres, sagesse conduisant à un mode de vie en harmonie avec les ressources des écosystèmes habités, alors que la civilisation occidentale, parce qu’elle détruit tout, y compris les éléments indispensables psychologiquement d’une vie conviviale épanouissante, propre au bonheur, vie en petits groupes à échelle humaine ,pour tout cela, cette civilisation est éphémère, promise à une prochaine disparition.

Dire que cette mythologie en forme de prophétie auto-réalisatrice, cette mythologie scientiste, est enseignée dans toutes les écoles comme si c’était LA vérité ! Redevenons modestes !

Thierry Sallantin, ethnologue.

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G
Et comment notre mode social est nait, et qu'on y peut plus rien... C'est comme ca, c'est normal, c'est la vie en gros... Pas beau, non pas beauEncore merci pour tes comm ++
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S
Il fallait voir "le sacre de l'homme" sur la 2 la semaine dernière, ou comment l'agriculture et la sédentarisation ont ammené la notion de propriété privée et le désir d'accumuler les richesses.
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